Solo à faible volume
Antoine Berland : Clavicorde
Pianiste, improvisateur, compositeur, à l’affût de nouvelles expériences, s’autorisant toujours plus de petits vertiges créatifs tournés vers l’inconnu.
Antoine Berland ne cesse de chercher l’équilibre entre sa propre démarche et ses collaborations. Tentant à la fois de développer son langage musical et sautant à pieds joints dans de fabuleuses aventures collectives.
Ainsi il joue en solo acoustique (piano et piano préparé) ou électrique (2 orgues), compose pour le spectacle vivant, s’acoquine avec le cirque contemporain , cohabite avec des musiques expérimentales (OMEDOC), fréquente des piscines avec des spectateurs-nageurs immergés dans l’eau, collabore en collectif (Vibrants Défricheurs, HSH), joue des musiques à improviser, flirte avec de grands ensembles (Surnatural Orchestra, ONJ de Daniel Yvinec), côtoie de grandes orgues d’églises, écrit pour des orchestres et choeurs, s’engage dans un travail de collectage de voix et compose des portraits sonores en installations, performances, radio, concert et spectacle accompagné d’incroyables automates musicaux (Murmures Machines avec Denis Brély)…
En 2024 il joue du Clavicorde à faible volume et c’est ce qui fait l’objet de ce disque édité par le Petit Label.
Enregistré dans les lieux les plus insolites mais toujours en public, ce solo de clavicorde s’écoute à faible volume, selon le vœu d’Antoine lui-même. Et cela ne m’étonne guère, car s’il nous faut tendre l’oreille pour apprécier cette musique, notre plaisir est d’autant plus grand que notre effort a participé à sa rareté.
Ainsi, peut-être aurons-nous la chance, parmi les sons ténus mais diablement précis de l’objet, de percevoir un peu de cette nature où il s’est vu déplacé, ou les grincements insoupçonnés de son mécanisme.
Il ne faut pas oublier que le clavicorde est un instrument médiéval, qui vient du tympanon
mais précède le pianoforte, ni qu’à la différence du clavecin, ses cordes sont frappées. Les pincements que l’on entend parfois laissent donc à penser que l’artiste joue d’une manière qui en aurait surpris plus d’un en leur temps. Les arpèges égrènent leur danse métallique, trébuchent dans l’étroitesse entre les touches, et content une épopée en parfaite adéquation avec notre époque
déglinguée. D’ailleurs, Antoine a la malice de bifurquer soudain et de nous laisser en plan
pour aller plus loin grignoter l’un de ces morceaux d’histoire oubliés. Le clavicorde sous ses mains résonne cependant de figures éminemment contemporaines. De grandes suites en petites incursions, les compositions écrites pour l’instrument s’amusent de ses dangers mêmes et des risques nécessaires à
son apprivoisement. L’ouverture des partitions s’avère indispensable si l’on prend en compte la diversité des situations, et cette liberté intrinsèque résume à elle seule l’état d’esprit d’un album en tout point semblable à son auteur, où la fantaisie ne se joue des difficultés que par l’attention portée à l’instant de l’écriture comme à celui de l’exécution.
Joël PAGIER – Revue et corrigée, Sept. 25
Et pour voir ce que ça donne, voici une petite vidéo réalisé par Valentin Moncler & Antoine Berland, lors de la 21e édition du festival Mens Alors ! à Mens :
On en parle aussi par ici :
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